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Trek landmannalaugar : un parcours islandais entre volcans et sources chaudes

Trek landmannalaugar : un parcours islandais entre volcans et sources chaudes

Trek landmannalaugar : un parcours islandais entre volcans et sources chaudes

Landmannalaugar : là où la terre fume encore

Quelques coins du monde semblent tout droit sortis des rêves les plus fous de géologues. Landmannalaugar, en plein cœur des Hautes Terres islandaises, est de ceux-là. Un territoire où la terre ne s’est jamais tout à fait calmée, où les montagnes prennent des couleurs d’aquarelle et où l’eau chaude jaillit de sous vos pieds. En Islande, marcher n’est jamais une simple promenade : c’est une immersion. Et ce trek-là est un dialogue franc et silencieux avec les forces telluriques.

C’est un endroit qui ne ressemble à rien d’autre. À 600 mètres d’altitude, encerclé par les montagnes rhyolitiques aux teintes insensées — ocres, jaunes soufre, verts mousse, noirs basaltiques — Landmannalaugar offre ce privilège rare : celui de marcher à travers une peinture naturelle, mouvante et sans signature.

Préparer son voyage au bout du monde (ou presque)

On pourrait croire que se rendre au bout du monde exige des préparatifs titanesques. En fait, pas tant. Depuis Reykjavik, il faut compter environ 3 à 4 heures de route, principalement en 4×4, en empruntant les fameuses “routes F” : accessibles uniquement en été, elles sont rudes, cabossées, parfois traversées par des gués. Mais qu’importe : l’arrivée à Landmannalaugar se mérite. Et comme souvent, ce sont les chemins les plus accidentés qui mènent aux plus grandes révérences.

Le point de départ du trek se situe sur le parking du camp de base, où l’on trouve également un refuge sommaire, quelques sanitaires, et une zone de camping. L’équipement ? Un bon sac, des chaussures bien rodées, des vêtements chauds (même en juillet), et le sens de l’humilité. Car ici, la météo est une divinité capricieuse : elle peut changer d’humeur en dix minutes, sans jamais vous prévenir.

Un trek mythique : le Laugavegur, entre solitude et splendeur

Le Laugavegur, qui signifie littéralement « la route des sources chaudes », est le sentier emblématique du pays. Il relie Landmannalaugar à Þórsmörk, la « forêt de Thor », en quatre à six jours selon le rythme, le souffle… et le nombre d’arrêts émerveillés.

Tout au long des 55 kilomètres, on traverse des paysages d’une diversité presque insolente :

Chaque portion du sentier raconte une histoire — celle d’un monde en formation, encore jeune, encore rugissant. C’est une Islande à l’état brut, sans filtre ni artifice. Des paysages qui vous parlent sans mots, juste avec de la lumière et du souffle.

Des sources chaudes en guise de réconfort

Ah oui, j’allais oublier un détail non négligeable : à Landmannalaugar, on se baigne. En plein air. Dans des sources chaudes aux eaux laiteuses, bordées de pierres et caressées par les vapeurs. Un bain minéral, après plusieurs heures de marche, c’est comme serrer la main de la Terre elle-même. Un geste d’apaisement, une promesse d’équilibre.

J’ai encore en tête cette sensation : le contraste entre l’eau brûlante et l’air frisquet, l’odeur soufrée qui chatouille le nez, les vents qui dansent autour… et ce silence, toujours, ce silence islandais, jamais menaçant mais toujours présent. Se baigner à Landmannalaugar, c’est faire une trêve avec le monde. Une pause hors du temps, à la croisée des éléments.

Dans le sac : le nécessaire (et rien de plus)

Se lancer sur le Laugavegur, ce n’est pas comme une balade dominicale à Fontainebleau. On part pour plusieurs jours, souvent sans ravitaillement, avec des refuges chichement équipés ou, pour les puristes, une tente sur le dos. Voici ce que j’emporterais, si je devais repartir demain :

Et surtout : l’esprit d’adaptation. Chaque jour, le terrain décide de votre humeur. Mieux vaut lui laisser le dernier mot.

Rencontres silencieuses

Sur un trek comme celui-ci, les rencontres sont rares mais précieuses. Il y a ce randonneur allemand, qui partageait son pain de seigle avec un accent de Goethe et des gestes tout en douceur. Il y a cette Islandaise, vétérinaire à la retraite, qui venait chaque été “écouter parler ses montagnes”. Et il y a vous, surtout. Vos pensées qui prennent plus de place quand le monde se fait plus vaste. L’Islande ne parle pas fort, mais elle vous parle vrai.

Y aller, oui. Mais quand ?

La saison du Laugavegur est courte : elle s’étend de fin juin à début septembre. Avant ou après, le sentier est impénétrable, avalé par la neige et les intempéries. Août est souvent idéal — un compromis entre accessibilité et tranquillité. Les refuges sont ouverts, les journées longues, les cieux parfois traversés par des aurores boréales naissantes. Mais méfiez-vous : même en plein été, il peut neiger.

Une parenthèse qui reste

Il y a des marches qui usent les souliers. Et d’autres qui vous regonflent l’âme. Landmannalaugar, c’est cela : plus qu’une randonnée, un rite. Une expérience sensorielle totale, qui défie les logiques et les GPS.

Je me souviens encore de ce matin où, en ouvrant ma tente, j’ai vu les fumerolles s’élever au ralenti sur fond de ciel laiteux. Le sol craquait sous mes pas, comme s’il voulait me dire quelque chose. Et moi, tout bêtement, j’écoutais. Parce qu’au fond, c’est peut-être cela, le vrai luxe du voyage : trouver des endroits où le silence devient parole. Où marcher revient à se souvenir qu’on est vivant. Terriblement vivant, au milieu de nulle part.

Alors, si un jour vous ressentez le besoin de poser vos certitudes et d’ouvrir vos poumons bien grand, sachez que l’Islande vous attend. Pas pressée. Pas insistante. Juste là, debout, rugissante et belle — comme au premier jour.

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